Arnaud Cohen

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Arnaud Cohen
Arnaud Cohen et Wim Wenders dansent sur l’œuvre performative de Cohen Dansez sur moi, Kunstverein am Rosa Luxemburg Platz, Berlin, octobre 2017.
Naissance
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Nationalité
Activités

Arnaud Cohen est un sculpteur et plasticien français né le à Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Carrière[modifier | modifier le code]

Arnaud Cohen commence sa carrière d'artiste plasticien en 1997 en intégrant la galerie Marwan Hoss (Paris et Bruxelles, Marwan Hoss était alors également vice-président de la Foire internationale d'art contemporain)[1].

Il est présenté en 2015 par Le Figaro comme l'une des dix personnalités qui réinventent la culture en France[2].

À l'époque, la pratique de Cohen, autant pour des problématiques mémorielles qu'écologiques, était entièrement tournée vers le collage, utilisant tous les matériaux existant, se refusant à peindre ou à sculpter afin, comme le disait il, de « résister à toute tentation décorative »[3].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Campagnes JPR[modifier | modifier le code]

Depuis 2005, date de la création de son personnage fictif Jean-Paul Raynaud (et non pas Jean-Pierre Raynaud), archétype de l'artiste officiel, Cohen s'empare de la forme des campagnes d'affichage politique. Il a ainsi collé en différents lieux de fausses affiches aux slogans ambigus et raillant les rapports des artistes français à l'institution [4] comme le fameux « En France les artistes exigent que les galeries soient nationalisées sinon à quoi bon faire de l'art officiel ». C'est l'ensemble de ces matériels de campagne (affiches, badges, etc.) qui a été acquis en 2008 par le musée d'Histoire contemporaine à Paris.

The Kiss[modifier | modifier le code]

En 2007, avec son Big Red Kiss, il fait sienne l'esthétique du pop art pour mieux en détourner le sens. La bouteille de Coca-Cola agrandie est percutée par deux des avions de ligne réduits. C'est l'assemblage, ou plutôt le télescopage de ces deux éléments (le symbole du pop art et de la consommation percuté par le symbole de la mondialisation des échanges) qui a du sens. De plus, par sa plasticité, la présence iconique de cet objet crée un nouveau vocable à la fois évident et complexe : celui-ci recouvre à la fois les luttes actuelles incarnées par les événements du , mais aussi l'effondrement des valeurs liées à la consommation, sans oublier la problématique encore naissante des guerres à venir autour de l'enjeu de l'eau (il faut en effet jusqu'à neuf litres d'eau pour produire un litre de Coca[5]). Cohen ne cache pas non plus que c'est pour lui l'occasion de tuer un père un peu trop encombrant en la personne du sculpteur néo-pop Jeff Koons[6].

Art Speaks For Itself[modifier | modifier le code]

En 2014, Cohen crée ArtSpeaksForItself.org (ASFI)[7]. Dans une interview, il la décrie comme : « L'ASFI est une fondation fictive dont l’objectif est de mettre en lumière les principales causes de la standardisation de l’art contemporain à l’échelle mondiale. »[8],[9].

Bien que sans existence légale, ASFI anime un réseau de résidences de curateurs internationaux. Le premier invité fut Wang Chunchen, curateur responsable du pavillon chinois lors de la dernière biennale de Venise[10]. Le protocole curatorial d'ASFI a été appliqué en 2018 à l'exposition féministe de la Tate consacrée aux écrits de Virginia Woolf[11] et curatée par Laura Smith (depuis curatrice à la Whitechapel Gallery de Londres), et en 2015 à l'une des expositions du MUNTREF, musée d'art contemporain de Buenos Aires. Arnaud Cohen a été invité à interpréter cette oeuvre en 2015 à Something Else off Biennale du Caire en 2015[12] ainsi qu'à la Biennale de Dakar en 2016 par le curateur international Simon Njami. C'est également pour cette œuvre que Cohen fut invité à la Biennale de Venise 2017 par Koyo Kouho (Salon Suisse, Pro Helvetia)[13] et la même année à la Biennale d'Amérique du Sud BIENALSUR [14]par Anibal Jozami et Diana Wechsler[15]. Parmi les participants les plus prestigieux à ces symposiums performés, notons Anne Barlow, directrice artistique de la Tate St Ives, Florence Derieux directrice artistique de la Fondation Centre Pompidou puis de la Galerie Hauser and Wirth de New York, Georges Didi-Hubermann, Albertine de Galbert, Rebecca Lamarche-Vadel curatrice au Palais de Tokyo, Enrico Lunghi conservateur en chef du MUDAM, ou Jean-Hubert Martin[16]. ASFI a bénéficié en 2016 d'une présentation publique au Centre Pompidou à l’invitation d’Alicia Knock dans le cadre de Museum On/Of, en 2017 au Musée Untref de Buenos Aires ainsi qu'au musée d'Art conceptuel Château de Montsoreau-Musée d'art contemporain dans le cadre de Protest.

Dansez sur moi[modifier | modifier le code]

Dansez avec moi traite d'un épisode local de la Collaboration. Elle rassemble les œuvres de cinq artistes contemporains sur la Shoah.

L’œuvre de Cohen est composée de trois tombes fictives : celle de Maurice Rocher, propriétaire d’usines, Jean Bichelonne, polytechnicien en charge avec Albert Speer d'intégrer les usines françaises au complexe militaro-industriel du Reich, ministre de Vichy et partisan de la Collaboration, et de Wernher Von Braun, qui dirige l’usine souterraine des fusées V1 et V2 du camp de Dora. L’installation, — éclairée comme dans une boîte de nuit — permet de piétiner et donc de danser sur les tombes.

D'après Cohen : « L’idée, c’est de dénoncer la collaboration des élites, qu’elles soient économiques, politiques, culturelles. Elles le font le plus souvent par pur cynisme. Au final, elles n’en ont rien à foutre de ce que leur collaboration implique. L’objectif est de laisser une trace des salauds et pas seulement, au gré des monuments, des seules victimes. »[17].

L'œuvre d'Arnaud Cohen a fait l'objet une exposition monographique et d'une rétrospective aux musées de Sens de juin à . Menacée de censure[18], l'exposition a été maintenue dans son intégralité grâce au soutien de l'Association internationale des critiques d'art et de personnalités comme Élisabeth Lebovici[19].

Expositions[modifier | modifier le code]

Biennales[modifier | modifier le code]

Expositions monographiques[modifier | modifier le code]

  • 2022
    • Galerie Valerie Delaunay, Paris, France
  • 2018   
    • Galerie Nagel Draxler, Köln, Germany
  • 2017   
    • Hunting Season, solo exhibition, Kunstverein am Rosa Luxembourg Platz, curator Susanne Prinz,  Berlin, Germany
  • 2016   
    • Tout doit disparaitre, solo exhibition, Villa Ada Savoia, curator Valentina G Levy, Rome, Italy
    • Hunting Season solo exhibition, Kepler Art Conseil, Paris, France
  • 2015   
    • Rémission [21] + Retrospection  solo exhibition + retrospective, Musées de Sens et Palais Synodal, Sens, France
    • Pam at rest/Pam at work, YIA Art Fair (guest artist), Paris, France
  • 2013   
    • Play It Again Pam, Sisyphus is a woman [22], curator édition du petit o, Chillon Fortress, Switzerland
    • Duchamp et après, curator Claude Guibert, APPAC Montreuil, Paris, France
  • 2012   
    • Espaces Augmentés [23],[24] La Coutellerie, Chatellerault, France
    • Ruins of Now, une archéologie du contemporain [25],[26],[27], solo exhibition, Galerie Laure Roynette, Paris,  France
  • 2010   
    • Love is Coming, solo exhibition, Galerie Xavier Nicolas, Paris, France
  • 2009   
    • Face au Mur, solo exhibition, E.A.P. Centre d'art contemporain de Châtellerault, France
  • 2008   
    • Parallèles, Hôtel-Dieu de Brie-Comte-Robert, Paris, France
  • 2007   
    • Nationals’ Portrait gallery, Pool Miami Beach Art Fair, Miami, Florida, USA
    • LA1\6? C/LO6LHO  (Elle a un souci? C'est sur elle aussi elle a chaud), à la Braconnerie de Curzay, Poitiers, France
  • 2006 Campagne JPR, curator Eric Mezan/Art Process, Paris
    • JPR Campaign End Game, Paris, MacParis, France
  • 2000   
  • 1998   
    • On Man Show, solo exhibition, Confluences, Paris, France

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Dix personnalités qui réinventent la culture », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Dix personnalités qui réinventent la culture », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Françoise Monnin, « Arnaud Cohen détournement de valeur », Artension, mai-.
  4. « Artistes engagés, le singulier et le collectif » par Francis Parent in Les années 68 ; un monde en mouvement, éditions du Musée d'histoire contemporaine et de la BDIC, (ISBN 978-2-84950-18-70), p. 242-244 (texte biographique comprenant des citations de l'artiste)
  5. « Les femmes du Kerala contre Coca-Cola », Le Monde diplomatique, .
  6. imagoart.e-monsite.com.
  7. « Art Speaks For Itself », sur Art Speaks For Itself (consulté le ).
  8. (en-US) alexandra mas, « Arnaud Cohen », sur The Edge Magazine, (consulté le )
  9. « Art Speaks For Itself : une stratégie alternative », Chroniques du chapeau noir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en-US) « Wang Chunchen appointed Curator of the Chinese Pavilion for the 55th Venice Biennale and the Seven Artists are announced | CAFA ART INFO », sur en.cafa.com.cn (consulté le ).
  11. (en-GB) Tate, « Virginia Woolf: An Exhibition Inspired By Her Writings – Exhibition at Tate St Ives | Tate », sur Tate (consulté le ).
  12. (en) « 28-11-2015 13:30:06 - Don't miss the Opening of Something Else tomorrow ... », sur Arts Collaboratory (consulté le ).
  13. (en) deimos.ch - Zurich, Switzerland, « biennials.ch – Pro Helvetia's platform to present the Swiss contributions to the Venice Biennials », sur biennials.ch (consulté le ).
  14. (es) Susana Reinoso, « Comer, beber, ser parte de una obra », Clarin Cultura,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (es) « (ES) Participación francesa en la BIENALSUR | Institut français d’Argentine », sur ifargentine.com.ar (consulté le ).
  16. « Art Speaks For Itself », sur Art Speaks For Itself (consulté le ).
  17. Franck Bastard, « Châtellerault : une oeuvre d'Arnaud Cohen exposée au Mémorial de la Shoah », La Nouvelle,‎ (lire en ligne Accès libre)
  18. « Arnaud Cohen censuré à Sens - La République de l'Art », La République de l'Art,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) « Sens et non sens aux Musées de Sens + actualisation » (consulté le ).
  20. a b c d e f g et h « Arnaud COHEN | Cnap », sur www.cnap.fr (consulté le )
  21. « Arnaud Cohen au musée de Sens. », osskoor,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. « TRANSVERSALES », sur tranversales.blogspot.com (consulté le )
  23. « L’exposition fantôme d’Arnaud Cohen », osskoor,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « Arnaud Cohen : « Tout doit disparaître » », Chroniques du chapeau noir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Vivre parmi les ruines », Amateur d'art,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. « Arnaud Cohen « Ruins of Now » », osskoor,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « Arnaud Cohen, avant la fin du monde », Chroniques du chapeau noir,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]